Avis sur un message de Mme Emilie Gomis

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Mme Emilie Gomis est membre du conseil d’administration de PARIS 2024 en qualité de personnalité qualifiée avec voix consultative depuis le 20 octobre 2022. Elle est également ambassadrice du programme Terre de Jeux 2024.

Le 9 octobre 2023, Mme Gomis a publié sur le réseau social Instagram un message éphémère (story maintenue en ligne 24h). En réaction aux commentaires suscités a posteriori par cette publication, elle a publié le 30 novembre, soit sept semaines plus tard, un message d’explications.
PARIS 2024 sollicite l’avis du comité d’éthique sur la qualification de ce message au regard des obligations éthiques de Mme Gomis et sur les conséquences à en tirer le cas échéant.

Avis du Comité

Aux termes de l’article 1er de la Charte d’éthique de PARIS 2024 : « PARIS 2024 respecte le Code d’éthique du Comité International Olympique et les textes pris pour son application. / Son action est notamment guidée par le respect du principe d’universalité et de neutralité politique du mouvement olympique ».

En outre, aux termes du second alinéa de l’article 2 du règlement intérieur de PARIS 2024 du 5 juillet 2018 : « Paris 2024 se conforme aux dispositions de la Charte Olympique et du Code d’éthique du CIO et mène ses activités liées à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 de manière à promouvoir et renforcer dans ce cadre les principes fondamentaux et les valeurs de l’Olympisme et du Paralympisme ».

Selon l’article 1er du Code d’éthique du Comité International Olympique, le respect des principes éthiques fondamentaux universels est le fondement de l’Olympisme.

En outre, selon l’article 8 de la Charte d’éthique de Paris 2024, les membres et les salariés de Paris 2024 « respectent le devoir de réserve dans leur expression publique. Ils s’abstiennent de tout acte qui pourrait porter atteinte à l’image ou à la réputation de Paris 2024 ».

Ainsi que le rappelle son préambule, la Charte d’éthique doit être respectée par les membres de ses instances de gouvernance (conseil d’administration et comités), ses salariés et les volontaires bénévoles.
Enfin, le contrat d’engagement de Mme Gomis en qualité d’ambassadrice de Terre de Jeux 2024 stipule que l’intéressée doit se conformer aux valeurs de l’Olympisme et du Paralympisme.

Le 9 octobre 2023, Mme Gomis a publié sur le réseau social Instagram, sur son compte suivi par 16 300 personnes de manière régulière et où elle se prévaut de ses fonctions de membre du conseil d’administration et d’ambassadrice de Paris 2024 avec le logo officiel de ce dernier, une illustration dans laquelle figurent des cartes de la France en 1947, en 1967 et en 2023, sur lesquelles le drapeau tricolore qui recouvre initialement la quasi-totalité du territoire français est progressivement remplacé par le drapeau israélien, jusqu’à ce qu’il ne subsiste que sur une toute petite partie de ce territoire. Ces cartes sont illustrées par le texte suivant écrit en gros caractères :
« Que feriez-vous dans cette … situation ? ».

Cette illustration fait clairement référence à des événements concernant l’Etat d’Israël et la Palestine, en particulier la bande de Gaza, notamment le plan de partage de la Palestine par l’Organisation des Nations-Unies en 1947, la « guerre des Six jours » et le vote de la résolution 242 du conseil de sécurité des Nations unies en 1967.

L’interrogation qui accompagne ces images tend à légitimer des actions visant à se défendre contre un envahisseur et à le repousser. Plus précisément, alors que la publication en question est intervenue deux jours après le 7 octobre 2023, avant l’intervention de l’armée israélienne à Gaza, cette interrogation a pour objet et pour effet de justifier les actes commis contre la population israélienne par le Hamas, qui « sont parmi les violations les plus graves du droit humanitaire international », ainsi que l’a exprimé le procureur de la Cour pénale internationale.

La publication en cause peut en outre être légitimement interprétée comme suggérant que la France de 2023, dont la carte est dominée par l’étoile de David, est, elle aussi,
« envahie par les Juifs ».

Le comité d’éthique considère qu’indépendamment de l’émotion que peuvent susciter les événements qui affectent le Proche-Orient, en particulier dans la période récente, la publication de Mme Gomis, par la justification implicite qu’elle apporte à des actes de terrorisme et sa potentielle contribution au développement en France de sentiments de haine à l’égard d’une partie de la population, constitue, de son point de vue, un manquement grave de l’intéressée aux obligations éthiques, rappelées ci-dessus, qui pèsent sur elle.

Le comité d’éthique considère que le retrait de cette publication et le message dont Mme Gomis l’a assorti, ainsi que le courrier en date du 8 décembre 2023 qu’elle a adressé à la ministre des sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques avec copie au président de Paris 2024, ne sont pas de nature à atténuer, en l’espèce, la gravité du manquement relevé.

Certes, Mme Gomis « s’excuse auprès de ceux qui se sont sentis blessés » par sa publication, regrette profondément « l’interprétation » qui lui a été donnée, souligne qu’elle « s’est toujours efforcée de promouvoir l’inclusion, le respect et la tolérance », récuse les accusations d’antisémitisme qui sont en totale contradiction avec ses valeurs et concède que sa publication « était empreinte d’une forme de maladresse ». Mais elle ne répudie pas la teneur de cette publication.

Compte tenu de ces constats, le comité d’éthique estime que les dispositions de l’article 7.2 du règlement intérieur de PARIS 2024 du 5 juillet 2018, qui prévoient que PARIS 2024 peut décider d’exclure tout membre ayant gravement manqué à ses obligations, peuvent être appliquées à Mme Gomis. Pour les mêmes motifs, le comité estime que les stipulations relatives à la résiliation du contrat d’engagement de Mme Gomis en qualité d’ambassadrice du programme de Terre de Jeux 2024 peuvent être mises en oeuvre par PARIS 2024. Ces procédures devront être assorties de l’exercice des droits de la défense.

Le comité tient à souligner, ce qui au demeurant va de soi, qu’il prendrait la même position vis-à-vis de l’auteur ou du diffuseur de toute publication qui stigmatiserait d’une manière analogue, directement ou indirectement, les Palestiniens et les Musulmans ou toute autre communauté politique ou religieuse.

Jean-Marc Sauvé
Présdent du comité d’éthique de Paris 2024

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